4e) Chapitre n°10 : III A quelles tensions entre pays européens la colonisation de l'Afrique donne-t-elle naissance à la fin du XIXe siècle ?

Pourquoi l'Afrique est-elle colonisée par les pays européens à la fin du XIXe siècle ?

L'Afrique, continent jusque-là peut colonisé, fait l'objet de la convoitise des pays européens dans la 2nde moitié du XIXe siècle : c'est le "scramble for Africa". La colonisation de l'Afrique résulte de plusieurs facteurs :

• Elle est tout d'abord la conséquence des expéditions d'exploration menées dans les années 1850-1860, comme celle de David Livingstone dans la région du fleuve Zambèze. La meilleure connaissance des espaces africains attise la convoitise des pays européens, en quête de nouvelles richesses naturelles à exploiter. 
• La colonisation de l'Afrique est également facilitée par le progrès technique et l'industrialisation de l'Europe, qui modernisent les moyens de transport et de communication des pays colonisateurs : marine à vapeur, chemin de fer, télégraphe, armes à feu.  
• L'ouverture du canal de Suez en 1869 qui permet une jonction rapide entre la mer Méditerranée et l'Océan Indien en passant par la mer Rouge.
• Enfin, la colonisation de l'Afrique n'a été rendue possible que par la découverte d'un médicament efficace contre le paludisme : la quinine. 

Pour éviter des conflits un congrès est organisé à l'initiative du chancelier allemand Otto von Bismarck à Berlin en 1884-1885 dans le but d'établir des règles quant à la conquête du continent africain.

Le Congrès de Berlin de 1884-1885 :

L’Allemagne occupe à cette date une position centrale en Europe. Jusque-là peu concerné par la question coloniale, le chancelier Bismarck s’intéresse de plus en plus à l’Afrique. Il établit des protectorats sur le Togo (1883) et le Cameroun (1884), tandis qu'une compagnie de commerce allemande s'implante en Afrique de l'Est. A cette époque, les Britanniques sont affaiblis, car ils font face depuis 1883 à l’insurrection des Mahdistes au Soudan et car malgré leur implantation en Égypte en 1882, ce n'est pas un protectorat officiel. A l'inverse, les Français sont à l'offensive. Ils sont présents en Côte d’Ivoire depuis 1842, à Djibouti (protectorat signé en 1862), en Tunisie (traité du Bardo en 1881) et à Madagascar (traité franco-malgache signé le 17 décembre 1885).

La conférence de Berlin répond à une volonté de désamorcer les conflits entre les puissances européennes. Elle réunit, entre le 15 novembre 1884 et le 26 février 1885, les délégations diplomatiques de 14 États, qui vont donner un cadre à la colonisation en Afrique et fixer les règles du commerce. Il est établi que la conquête se fait du littoral vers l'intérieur des terres, que celles-ci reviennent à la première nation européenne occupant le terrain et signant des traités avec les populations locales, qu'il y a la liberté de naviguer sur les fleuves Niger et Congo et que l'esclavage doit être aboli. C'est aussi au cours de ce congrès que le roi des Belges Léopold II réussit à faire reconnaître la souveraineté du Congo, qui devient sa colonie particulière. 

Si la conférence ne débouche pas sur un partage réel de l’Afrique entre les pays européens, elle en devient le symbole. En effet, la colonisation s’accélère dans les années qui suivent et les Européens retracent les frontières du continent. À titre d’exemple, le Royaume-Uni et la France signent 249 traités frontaliers pour l’Afrique occidentale entre 1882 et 1905 ! Or, l'Angleterre et la France ont en Afrique des projets incompatibles. Les deux puissances se retrouvent et s'affrontent à Fachoda en 1898. 

Comment s'est déroulé l'affrontement entre la France et l'Angleterre pour le contrôle de Fachoda au Soudan en 1898 ?

Regardez le documentaire sur Fachoda, puis répondez aux questions de la Fiche d'Histoire n°25 sur la page de gauche de votre cahier. Vous pourrez vérifier vos réponses à l'aide de la fiche de correction :

À l'automne 1898, la mission française Congo-Nil, composée de 150 tirailleurs africains et 12 officiers français dirigés par le capitaine Jean-Baptiste Marchand, rencontre l'armée du général britannique Kitchener, venu depuis l'Égypte pour conquérir le Soudan. Les opinions nationales s'enflamment, laissant craindre une guerre franco-britannique. Malgré la pression des nationalistes, la France finit par se retirer, ouvrant la voie à un rapprochement diplomatique avec le Royaume-Uni. En effet, la France et le Royaume-Uni signent en 1904 une série de traités réglant les différends coloniaux entre les deux pays : c'est l'Entente cordiale, qui sert ensuite de socle à la future alliance de la Triple Entente avec l'Empire de Russie.

Carte de la mission Marchand jusqu'à Fachoda

Quelles sont les conséquences diplomatiques de la crise de Fachoda ?

Étudiez attentivement les documents n°3 et n°4 p. 127 de votre manuel et répondez oralement aux questions suivantes. Vous compléterez ce point du cours en regardant le documentaire (un peu ancien, mais avec des images d'époque) sur la mise en place du protectorat français au Maroc :

1) D'après la carte, quelles sont les possessions françaises au Maghreb à la fin du XIXe siècle ?

2) D'après le texte, pourquoi l'Allemagne s'oppose-t-elle à la colonisation du Maroc par la France ?

3) D'après la carte, à quelle date la France finit-elle par imposer son protectorat sur le Maroc ?

Carte du protectorat français au Maroc

La France est très bien implantée au Maghreb, ayant colonisé l'Algérie depuis 1830 et ayant établi un protectorat sur la Tunisie en 1881. Le Maroc est un territoire encore indépendant, gouverné par un sultan. L'Allemagne qui a colonisé plus tardivement que la France a moins de possessions et a des prétentions sur le Maroc pour des raisons économiques et de prestige. Plusieurs crises opposent Français et Allemands au sujet du Maroc : la crise de Tanger en 1905 ou la crise d'Agadir en 1911. Un traité franco-allemand est finalement signé le 4 novembre 1911. En échange de territoires en Afrique équatoriale, l'Allemagne concède à la France une entière liberté d'action au Maroc. Le 30 mars 1912, le sultanat du Maroc devient par le Traité de Fès un protectorat français après avoir conservé son indépendance pendant douze siècles ! La République française complète ainsi sa domination sur l'Afrique du Nord. Le général Hubert Lyautey, nommé « résident général » auprès du sultan, à Rabat, s'applique à moderniser les institutions du pays dans le respect de ses traditions (voir la vidéo ci-dessous).

Recopiez sur la page de droite de votre cahier les définitions de "nationalisme" et de "protectorat", puis notez la trace écrite suivante en-dessous :

Le nationalisme : Sentiment de prédominance d’un peuple, qui l’amène à vouloir s’étendre ou à disputer des territoires. 

Un protectorat : Pays soumis à un autre Etat plus puissant que lui, qui contrôle notamment ses relations extérieures.

Trace écrite : La colonisation est source de rivalités entre les pays européens, qui appliquent des politiques impérialistes en Afrique, dans le but de se constituer de vastes ensembles territoriaux : c'est le "scramble for Africa". En 1884-1885, au Congrès de Berlin réuni à l’initiative du chancelier allemand Otto von Bismarck, les principaux pays européens se mettent d’accord sur les manières de coloniser l'Afrique : conquête depuis le littoral vers l’intérieur des terres, annexion d’un territoire pour le premier pays qui occupe effectivement le terrain, liberté de navigation sur les fleuves Niger et Congo, abolition de l'esclavage. Or, les nationalismes alimentent les tensions coloniales et des guerres sont évitées de justesse, comme à Fachoda en 1898 au Sud du Soudan, où la guerre entre la France et l’Angleterre n'a pas été déclarée en raison du retrait des forces françaises du capitaine  Marchand en infériorité numérique face au général britannique Kitchener. Malgré tout, cela jette les bases de l’Entente cordiale en 1904 entre la France et l’Angleterre, qui sert de socle à la future alliance militaire de la Triple Entente. Grâce à l’appui des Anglais, les Français établissent également un protectorat au Maroc en 1912, alors que ce territoire était convoité par l’empereur allemand Guillaume II.